poisson volant lettre E

Point-à-la-ligne scrutait incessamment les remous du fleuve. Curieux, il se pencha à nouveau pour sonder de son regard déphasé les profondeurs maritimes. Les sombres formes bouclées étaient toujours là, mais leur banc était moins large. Tout à coup, un visage divin, yeux grands ouverts, apparut au milieu des spirales ébène de sa chevelure, à la fois féminin, doux, frais et langoureux.
« Là, là ! To Be ! Y a une femme qui nage. Une déesse. C’est Peau
Aime, j’en suis sûr. C’est la déesse… »

Point-à-la-ligne voyait les feuilles effilées l’enlacer comme des serpents africains et recouvrir peu à peu son corps de cire. Noué par ces fortes lianes qui répondaient aux ordres d’une voix inconnue, Point-à-la-ligne tomba comme une pierre au fond du fleuve si envoûtant. To Be lâcha Xang sur la rive et se rua pour sauver le point noyé dans le rythme violent du flux. Elle brassa les eaux du mieux qu’elle pouvait, évitant les vapeurs et l’ingestion de l’encre divagante. Point-à-la-ligne se cala soudain dans l’alcôve du point d’interrogation, qui le déposa exténué sur la berge calme. Lorsque Point-à-la- ligne reprit ses esprits, To Be avait un air désemparé.

Extrait du livre Le Poesian 1:7

dépôt SACD n°198381

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